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Un grand chemin
22 juin 2007

Premières impressions

Je commence à me faire à ce rythme lancinant de la route, succession de lignes, de courbes, de surfaces étirées jusqu'à l'horizon et les contreforts des montagnes. La sécheresse a sucé les derniers cactus de l'Atacama. Quelques arbustes rachitiques s'agrippent encore au sable rocheux. Il n'y a plus de villages. La brume emplit l'air d'une humidité narquoise qui ne se déposera vraiment que dans la Cordillère. Il n'y a plus de temps. La nuit infinie de l'hiver brouille les repères. Nos corps, usés par les préparatifs, exigent des douzaines d'heures de sommeil profond que le silence du désert berce et encourage. On en sort remis à neuf et calme comme une mer d'huile. Les facéties des renards et d'un soleil doux achèvent d'apaiser l'esprit. Tout découle du fait que le temps, de par l'immensité d'une année de voyage, cesse sa course.

Un petit déjeuner s'étire facilement sur deux heures. Ce qui ne rentre pas dans une journée trouvera sans peine sa place dans la suivante. La notion même de journée insécable et sacrée se fond dans un flou reposant et plein de possibilités nouvelles. C'est sous doute une des impulsiones premières du voyage et de l'année libre: échapper au temps tyrannique des européens et à la cohorte d'optimisations qu'il impose à une vie réglée comme un microprocesseur et étouffante de prévisibilité.


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